Aikido et Aikido Kishinkai

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L’ Aïkido fait partie des arts martiaux japonais les plus populaires dans le monde (il compte par ailleurs plus de pratiquants en France qu’au Japon), avec le Judo et le Karaté. Généralement traduit par Voie de l’harmonie des énergies (« aï » signifiant l’union, « ki » le principe d’énergie cosmique et vital en Extrême-Orient et « do » la voie spirituelle), il se caractérise par son aspect sophistiqué et généralement esthétique : il privilégie l’utilisation de la force adverse pour renverser les situations de conflit. Il exploite à cet effet tant des techniques de projection (nage-waza) que d’immobilisation (katame-waza).

Cet art a été rendu populaire en grande partie par l’imaginaire chevaleresque qui l’entoure à travers le port du hakama – grand pantalon que portait les Samouraï – et de la pratique des armes telles le bokken (sabre en bois) ou le jo (bâton). Egalement, grâce à la figure mystique de son fondateur qui a progressivement fait de son art une voie spirituelle amenant au développement de l’intériorité de l’adepte, au-delà de la maîtrise martiale.

 

Cela rapidement posé (de nombreux articles développent ces différents éléments), l’Aïkido est loin de renvoyer à une pratique unifiée, en dépit de ses caractéristiques qui permettent de l’identifier rapidement. D’une part, la pratique du fondateur, Morihei Ueshiba (1881-1969) a évolué au cours de son existence, de sorte que tous ses disciples n’ont pas reçu le même enseignement. D’autre part, chacun de ses disciples ont par la suite développé leur propre interprétation de son art – certains cherchant à transmettre fidèlement l’enseignement reçu, d’autres à explorer plus en avant les pistes de recherches martiales ouvertes par l’enseignement souvent énigmatique de Maître Ueshiba. Ainsi, le monde de l’Aïkido est-il un monde bigarré et en constante d’évolution, d’autant plus riche qu’il réunit sous un même nom des pratiques fondées parfois sur des principes opposés – avec pour seuls dénominateurs communs les notions d’irimi (entrer en profondeur dans ;’espace de l’adversaire), atemi (être en position martialement avantageuse pour donner un coup décisif), awase (s’harmoniser au mouvement de l’autre), musubi (ce qui renvoie au fait de fusionner avec le corps de l’autre pour exercer les techniques), sur fond de compassion.

 

L’Aïkido kishinkai, développé par Léo Tamaki à la croisée essentiellement de l’enseignement de Maître Tamura (l’un des disciples le plus proche du fondateur), des principes de l’école de Kuroda Tetsuzan, des recherches de Yoshinori Kono et d’Hino Akira, est l’école d’Aïkido la plus récente actuellement. Elle se caractérise en particulier par la recherche d’efficacité en se fondant sur les principes qui régissaient l’étude des anciennes écoles guerrières au Japon. Elle a vocation à développer une modification de l’utilisation usuelle, ordinaire, du corps pour développer une efficacité qui permet de surmonter les contingences physiques – c’est-à-dire d’être en mesure de prendre un ascendant décisif face à n’importe quel adversaire. Cela passe par le développement aussi fin que possible de la sensibilité, à la fois à soi-même pour apprendre à se mouvoir différemment, de la façon la moins perceptible possible, et à l’autre. Parmi les principes recherchés, on compte le fait de ne pas s’enfoncer dans le sol, de bouger à une vitesse constante, d’anticiper les attaques pour prendre un ascendant immédiat, de dissocier les différentes parties du corps et de les mobiliser simultanément, de fusionner avec le corps de l’autre.

Ces différents principes s’inscrivent dans une recherche d’efficacité pragmatique réelle ; celle-ci constitue toutefois une étape nécessaire pour développer une pratique qui peut – mais ne doit pas – déboucher sur un certain développement spirituel – l’attention à l’autre ouvrant en particulier à une compassion profonde d’autrui.

 

 

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Le Kishinkaï

       

C’est l’association diffusant l’enseignement de Léo Tamaki et réunissant ses élèves. Kishinkaï est un mot japonais composé de trois kanjis, les idéogrammes utilisés au Japon.

Les kanjis sont des signes très riches et véhiculent de nombreuses significations. Issus de l’écriture chinoise ils se prononcent soit en on’yomi ou lecture par le son, qui sont les prononciations issues du chinois, soit en kun’yomi ou lecture par le sens, qui sont les prononciations issues du japonais.

Voici les trois kanjis avec leur prononciation en kun’yomi et leur sens:

Ki

Ki

être joyeux , se réjouir

Shin

Shin

approfondir

Kaï

Kaï

association , groupe

Le Kishinkaï est ainsi « l’association, le groupe où l’on approfondit dans la joie ».

Le kishinkan

Le dojo se nomme par ailleurs Kishinkan, « la maison où l’on approfondit dans la joie ».

L’approfondissement dans la joie est une notion qui, au même titre que l’excellence technique, est au cœur de l’enseignement de Léo Tamaki.

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Quelles sont les spécificités de l’école Kishinkaï et quels en sont les bienfaits?

On me pose souvent la question des spécificités de l’école Kishinkaï et de ses bienfaits. Voici quelques éléments de réponse que je peux apporter dans une liste qui n’est ni exhaustive, ni figée.

Deux principes au cœur de la pratique, Musubi et Awase:

Deux principes sont omniprésents dans le Kishinkaï Aïkido. Il s’agit d’Awase et Musubi. Si ces deux notions sont souvent revendiquées par les différentes écoles d’Aïkido, il peut y avoir des nuances dans leur interprétation.
Awase signifie s’harmoniser. Au Kishinkaï cela correspond au fait de s’adapter à la situation. Cela peut se traduire par une harmonisation extérieure, telle que le fait d’orienter son corps dans la même direction que le partenaire, mais pas exclusivement. En effet, une entrée très incisive (Irimi) où l’on prend un ascendant sur aïte (l’ « autre ») sera la plus efficace lorsqu’on aura été capable de la percevoir correctement. Notre mouvement pourra alors être direct sans heurter.
Musubi signifie lier, unifier. Au Kishinkaï cela correspond à la capacité à s’unir à aïte. Il s’agit du pendant invisible d’Awase. Cela se manifeste par exemple par la capacité à ne pas modifier un contact établi lors d’un mouvement, afin que la personne qui nous fait face ne se rende éventuellement compte de notre action que le plus tard possible, au moment où elle ne peut plus avoir de réaction efficace.
h8q4430Photo de Johann Vayriot

La vitesse constante:

La technique doit être exécutée à une vitesse constante, sans accélération ni à-coups. Cela permet comme le Musubi, de limiter la perception de nos actions par uke, et sa capacité à y réagir.
Cette vitesse constante peut être harmonisée à celle de l’attaque, ou au contraire être plus lente ou rapide selon la situation. Elle est souvent calée sur celle de l’attaque lorsqu’il s’agit d’une saisie.
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Photo de Shizuka Tamaki

La disponibilité permanente:

Le Zanshin est une sorte d’éveil constant. Cet état permet de percevoir notre environnement et de s’y adapter de la façon la plus efficace possible.
Au niveau physique cela nécessite un corps détendu sans être mou, capable d’agir instantanément et en permanence.
Cette disponibilité mentale et physique ne se traduit pas par une attitude caricaturale de petit samouraï, mais par une attitude paisible et éveillée.

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Photo de Shizuka Tamaki

Légèreté de la saisie:

On pense souvent à tort, qu’une saisie forte est une attaque efficace. Malheureusement lorsque nous faisons face à une personne avec un minimum d’expérience, c’est évidemment loin d’être le cas.
Plus la saisie est forte, plus le corps est crispé, moins on est capable de sentir ce que fait le partenaire et d’avoir une action sur lui. Sans compter qu’une saisie forte ne peut poser problème que lorsque l’on est physiquement plus puissant que la personne à qui l’ont fait face.
Par ailleurs une saisie forte provoquera une réaction de défense de la personne qui se sentira agressée. En Kishinkaï les saisies sont donc légères afin d’augmenter leur efficacité. Elles se font de la même manière lorsque l’on saisit une personne, un sabre ou un bâton. Cela permet d’être plus sensible, rapide, et par là-même plus efficace.

Absence de contraintes:

S’il est évidemment possible de maîtriser une personne par la contrainte, ce type de travail porte en lui-même les racines de ses difficultés. Une personne agressée s’oppose généralement vigoureusement à la contrainte que l’on essaye de lui faire subir, et est d’autant plus difficile à contrôler.
Le but du Kishinkaï Aïkido est de contrôler par la non-opposition, la douceur et le relâchement. L’attaque est absorbée, détournée ou retournée contre le partenaire sans violence ni contrainte.
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Ueshiba Morihei

La lecture d’intention:

Considérant que notre adversaire est plus grand, fort et rapide que nous, il est indispensable de lire dans ses actions afin de pouvoir en tirer profit et ne pas les subir. C’est pourquoi le Kishinkaï met un accent très fort sur la perception, et en particulier sur la lecture d’intention.
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Photo de Rudy Lamy

Légèreté du déplacement:

Un point qui interpelle beaucoup de pratiquants même expérimentés lorsqu’ils débutent la pratique du Kishinkaï Aïkido, est la liberté de mouvement de ses adeptes. Cette liberté est le résultat de l’accent mis sur la légèreté du contact au sol. Le corps doit être léger, avec la sensation de flotter. Libéré de ses ancrages il acquiert une disponibilité, une rapidité et une efficacité étonnantes.
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Photo de Rudy Lamy

Relâchement:

Le relâchement est un principe de base dans la majorité des écoles d’Aïkido. Pour autant, il est très difficile à expliquer et plus encore, à mettre en pratique. En effet le stress de la vie quotidienne est souvent source de nervosité et de crispation. Cette tension peut par ailleurs être accrue lorsque nous sommes attaqués, même dans le cadre du Dojo.
Grâce à une approche progressive, le Kishinkaï permet à ses adeptes de se relâcher dans des conditions de plus en plus intenses. Cette détente physique et mentale se transpose naturellement à la vie quotidienne, et permet à ses adeptes de lutter efficacement contre le stress quotidien, comme contre une attaque physique.
« De toutes les capacités physiques, le relâchement est la plus importante. » – Léo Tamaki
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 Photo de Johann Vayriot

Pourquoi pratiquer le Kishinkai Aïkido?

Le Kishinkaï Aïkido permet d’unifier le corps et l’esprit. Source de bien-être, sa pratique permet de relâcher les tensions, d’aiguiser la concentration, et de développer souplesse, intuition et tonicité musculaire.
En acquérant efficacité et confiance en soi, le pratiquant apprend à vivre en harmonie avec son environnement et avec lui-même.
Le Kishinkaï Aïkido peut-être pratiqué à tout âge.
Il est possible d’adapter la pratique à la plupart des soucis de santé.
Arnaud_Mathieu_AmeliePhoto de Rudy Lamy